Samedi 24 juillet 2021, alors que je n'étais pas sorti depuis plusieurs jours, notre cher secrétaire Jean-Louis m'envoie un message pour faire une petite sortie le soir-même.
Plutôt épuisé par ma semaine bien chargée, en ayant déménagé et remonté les meubles suite au déménagement dans notre nouvelle maison, ma motivation était au plus bas.
Pourtant Jean-Louis parvient à me motiver, et on se donne rendez-vous au soir dans une petite chasse sur Salbris.
Cela fait la troisième fois, où on se retrouve là-bas, et en arrivant sur place j'entends déjà la musique de la Guinguette, portée par le vent, comme si on était sur la piste de danse, où je redoute que les sangliers ne viennent pas, d'autant plus que je me suis souvenu qu'on était également un soir de pleine lune.
Malgré ça, je m'installe sur mon treesaddle. Le temps paraît long, et vraiment trop calme à part cette musique.
Vers 21h10, j'entends du bruit dans mon dos, cela dure bien 20 min, pour finalement être surpris par la venue d'un brocard qui pourchasse une chevrette. Tous deux font plusieurs cercles, à 40m sur ma droite, mais au cri de la chevrette, elle ne semble pas prête à être saillie, elle s'arrête plusieurs minutes à distance du prétendant, puis la poursuite reprend.
La nuit commence à tomber, il est 22h00, quand au loin j'entends des pas, toujours dans mon dos, qui s'approchent, mais un animal seul. Un sanglier tout seul, plutôt gros, mais dans mon dos, en tournant la tête, je ne perçois que sa silhouette, et j'en profite pour saisir mon arc. Il continue sur sa coulée en direction de Jean-Louis, qui se trouve perché à 30m de moi sur ma gauche, et je vois le sanglier levé son groin dans sa direction, comme s'il avait senti quelque chose, puis il fait demi tour et revient sur moi.
Je le vois à 8m de face, puis il coupe vers moi, j'en profite pour armer mon arc, le sanglier s'arrête net se trouvant à 5m sur ma gauche en me montrant son meilleur profil.
Comme il fait bien noir, j'ai du mal à aligner ma visette avec mon viseur et je place mon pin au niveau de son épaule, puis je décoche.
J'entends le bruit caractéristique du ploc, il crie et souffle, tout en faisant demi-tour avec difficulté, puis il démarre aussitôt en boitant, fait quelques pas en courant, mais comme s'il était étourdi, puis chute à trois reprises, en percutant deux troncs, avant de s'immobiliser à 10m dans mon dos. Il est 22h06 à ma montre et à 22h08, j'entends son dernier souffle.
Là, je n'en reviens pas, car je teste pour la première fois une bilame, suite à une discussion avisée avec Jean-Louis quelques semaines plus tôt, et j'ai l'impression que ce tir a été plutôt foudroyant au vu de la réaction de l'animal et de sa fuite.
Malgré ça, je prends le temps de descendre mon arc, de démonter ma corde de maintien, mettre ma corde de sécurité, descendre et démonter mes marches, en reconditionnant le tout, après avoir enlevé mon baudrier.
Plus rapide que moi, en descendant de son échelle, Jean-Louis m'interpelle en me disant, il est gros celui-là. Vu du sol, la distance de fuite est courte, aucune trace de sang visible, ma flèche est cassée, mais elle ne ressort pas. L'entrée se situe au niveau de l'omoplate droite, et on sent que la pointe est bloquée dans l'humérus de la patte gauche.
Après, quelques photos dans la nuit noire, on déplace cette bête qui fait son poids, l'estimant à 80kg.
À la pesée, le verdict tombe, 84kg plein. À la dépouille et à la découpe, on retrouve le morceau de flèche cassée et la lame tordue. À l'autopsie, ni le cœur n'a pris, ni les poumons ne sont percés, c'est finalement l'aorte qui a été sectionnée.
Comme quoi, une bilame fait tout autant le job qu'une trilame, voire quadrilame.
Tir réalisé avec mon compound MISSION Ballistic, 30 pouces, 70 livres. Flèche Gold Tip Hunter 300, lame Magnus Stinger bilame 125 grains.
Emmanuel L.
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