Lundi après midi, mon binôme de chasse et moi préparons un affût à St Maurice. N’ayant pas chassé le grand gibier depuis plusieurs semaines, nous décidons de tirer quelques flèches d’entraînement. Effectivement, j’ai l’impression que mes réglages ont bougé ! Je tire quelques centimètres à droite à une dizaine de mètres. Ce n’est pas dramatique mais comme nous avons un peu de temps, je corrige ce défaut.
La fin d’après-midi est là. Avec cette superbe luminosité, nous nous dépêchons d’aller faire un petit shooting photo avec nos … téléphones portables ! En effet, nous sommes plutôt équipés pour (im)mortaliser autre chose que des images… Après quelques clichés, il est l’heure de s’installer pour l’affût. Nous empruntons le même chemin afin que j’indique à Mickaël où se trouve son poste. Cela fait un moment qu’il n’a pas chassé cette parcelle. Il ne connaît pas ce tree stand. Sur le chemin, il aperçoit trois chevreuils qui partent devant nous. On se regarde et il me dit : « rien que pour ça, je ne regrette pas d’être venu ». Je le laisse à son tree stand et je continue en remontant le vent pour me placer à mon tour.
Plusieurs indices assez frais sont présents sur l’allée, beaucoup de traces de chevreuil mais aussi celles d’un gros sanglier ! La soirée s’annonce bien. Une fois monté à mon poste, j’ai l’habitude d’écrire un sms à Mickaël pour marquer dans le temps le début de l’affût. Une fois monté, j’ai chaud ! C’est vrai qu’il est un peu raide à atteindre ce tree stand ! Je transpire, je retire mon chapeau, ma cagoule, je m’essuie le front, je remets la cagoule quand un événement vient perturber ma « discrète » installation.
Un chevrillard se dirige vers ma gauche à 12 mètres, parfait pour un droitier. Je me fige, mais il a déjà passé la seule fenêtre de tir possible sur cette trajectoire ! Un second me fait le même coup 10 secondes plus tard ! Mon cœur bat tellement fort que j’ai l’impression qu’ils peuvent l’entendre. Et enfin la chevrette qui les suit vient se figer dans la fenêtre de tir et s’immobilise. Je n’ai le droit de tirer qu’un chevrillard… Elle lève le museau, écoute et renifle les alentours. Je suis potentiellement surveillé. Pendant quelques minutes, j’observe et comprend ce comportement passionnant. Le fait qu’elle s’immobilise amène les chevrillards à rester prudents et à ne pas franchir l’allée mais plutôt à revenir près d’elle. Chose inespérée un des jeunes se dirige droit sur moi et s’apprête à franchir le fossé.
Il est à 10 mètres, à découvert et baisse la tête, j’en profite pour armer mon arc en espérant ne pas attirer le regard protecteur de sa mère. Mon émotion est trop intense, je suis obligé de prendre une grande inspiration pour me replacer dans un état de calme plus propice au tir. Je m’applique et lâche ma flèche qui vole entre les arbres. La flèche frappe l’animal en pleine colonne vertébrale ! Celui-ci s’écroule et roule dans le fossé sans même laisser échapper un son. Il tombe sur le côté, roule dans la pente et s’immobilise dans l’eau du ruisseau. Les 2 autres animaux s’enfuient sans trop de précipitation. Ça y est ! J’ai tué le dernier chevreuil de la saison!
J’appelle Mickaël. Il l’avait prédit sur le ton de la plaisanterie quelques heures avant. Je descends prudemment pour voir mon animal. Il est là, mort. Un fin filet de sang s’échappe dans le courant. Le dernier bracelet est clôturé ! Je calcule ensuite, amusé, le temps écoulé entre le moment où je me suis installé et le moment du tir : 7 minutes... Plutôt rapide comme affût.
Matériel : Arc à poulie Diamond Infinity Edge 50 livres, avec bilames Magnus.
Grégoire PHILIPPOT
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