Dimanche 07 février 2021, rendez-vous à 8h pour une petite sortie avec Henri, membre du CABS, et PO, sur son petit territoire de chasse, 17HA, à Brinon-sur-Sauldre.
Après un café servi par notre hôte, en discutant des postes, PO me laisse choisir parmi les huit postes du territoire.
Pour ma sixième sortie chez lui, je décide d'aller à celui prénommé "Les Fougères", que je n'avais pas encore essayé, d'autant que le vent était favorable.
En marchant vers nos postes avec Henri, nous identifions de nombreuses traces fraîches de la nuit. Je laisse Henri en chemin qui prend place dans l'affût de la prairie, juste à côté d'une longue haie composée de genêts, et qui borde la forêt.
Moi je continue mon chemin pour arriver dans le bois, en empruntant le chemin principal.
En essayant d'éviter le crépitement de nombreux glands qui jonchent le sol, je remonte sur le sentier avec le vent de face dans un bois composé de nombreux houx, pour rejoindre la clairière aux fougères où se trouve mon affût à une bonne cinquantaine de mètres.
A peine dans le sentier, qu'un gros sanglier se dérobe sur ma droite à 15m, baugé sous un houx, que je n'avais pas vu.
Entendant le raffut lors de sa fuite, je me suis dit, j'espère qu'il ne va pas alerter ses congénères.
Je termine ma route, il est 8h30 quand mon affût commence.
Je me fais déjà des films en me disant que vu toutes les traces, ce sanglier ne pouvait pas être seul.
Il n'est pas rare de croiser des animaux actifs en pleine journée sur le territoire de PO.
La matinée bien entamée, le temps est agréable, il est 9h00, où au loin, j'entends une trompe, qui annonce une battue chez des voisins.
Les oiseaux sont actifs, surtout les étourneaux, dont leur chant est mélodieux, mais aussi des centaines de ramiers, qui viennent se poser sur les plus grands arbres.
Tout à coup, j'entends face à moi, à 80m environ au pied d'un grand chêne, une compagnie de sangliers bien active, où à plusieurs reprises j'entends des cris.
J'identifie entre quatre et cinq bêtes au travers les taillis, mais la compagnie ne viendra jamais dans ma direction.
Pendant une bonne demi-heure, je les entends sur ma gauche, la compagnie se trouve entre Henri et moi.
À 9h45, j'identifie une seconde compagnie qui descend vers moi.
A ce moment-là, j'entends celle sur ma gauche à 70m, que je ne vois pas, et j'entends bien l'autre sur le chemin principal, à environ 80m dans mon dos.
Il ne m'a pas fallu cinq minutes pour prendre la décision de descendre de mon affût et tenter une approche. Vu que le vent serait de dos, en reprenant le sentier pour rejoindre le chemin, je décide de contourner la clairière et d'aller sur un sentier plus loin sur ma droite, pour rejoindre le chemin, où je pensais trouver la deuxième compagnie.
Pas de chance, pas l'ombre d'une bête, alors que 10 min plus tôt, je l'avais bien entendue.
Je remonte le chemin pour rejoindre le sentier et approcher la seconde compagnie. Le stress et le doute commencent à m'emporter, mais je continue mon approche.
Je rejoins une autre grande clairière, où j'aperçois le fameux grand chêne, celui où j'avais aperçu la première compagnie. De nombreuses laissées toutes fraîches jonchent le sol bien retourné.
Mon cœur bat la chamade, je progresse, quand tout à coup, j'aperçois une bête rousse d'une vingtaine de kilos, qui se trouve à 15m devant moi à 30° sur ma droite.
En observant cette bête, je me rends compte qu'elle n'est pas seule, mais qu'il y a quatre, alignées en rang d'oignons.
Je me dis que, éthiquement parlant, je ne veux pas tirer alors qu'elles dorment et encore moins les embrocher avec une flèche.
Au moment, où j'arme mon arc sans faire un bruit, l'une d'elles sursaute, réveillant la fratrie, qui se lève et se dérobe, chacune dans sa direction.
A ce moment-là, je ne sais plus laquelle viser, mais les secondes défilent, ma fenêtre de tir se réduit à mesure qu'elles s'éloignent. L'une d'elles s'arrête derrière quelques petits arbres, sur ma droite à 8 m, me montrant son cul. Encore à moitié endormie, ou écoutant ses congénères, je ne pense pas qu'elle m'ait vue, alors je prends le temps de placer mon pin, pensant qu'elle finira bien par se mettre de travers. A peine, je prends ma visée, qu'elle se tourne sur sa gauche me montrant son plus beau profil, je décide de lâcher ma flèche au défaut de l'épaule. J'entends ma corde à la décoche et le choc caractéristique à l'impact.
Cette bête rousse disparaît à la course pour revenir vers moi à 15m, quelques secondes après sa fuite. Sur le coup, je pensais même qu'il s'agissait d'une autre bête, mais elle finit par s'effondrer en donnant son dernier souffle.
À ma montre, il est 10h10, j'en tremble encore, de mes émotions, je n'en reviens pas d'avoir fléché mon premier sanglier à l'arc. On m'en avait parlé de cette sensation si particulière qui n'a rien à voir avec un tir à la carabine ou au fusil, dont le choc inhibe ses sens.
J'appelle PO et Henri pour leur annoncer la bonne nouvelle, tous deux me rejoignent rapidement sur place. Plutôt fier, je m'empresse de leur raconter mon action, comme si je la revivais, en ayant du mal à redescendre de mon nuage.
Moralité de cette journée inoubliable, après de nombreuses sorties et de belles rencontres sans succès, la patience et la persévérance ont fini par payer. En ayant suivi mon instinct, je pense avoir pris la bonne décision de quitter mon affût, pour tenter une approche, et je reste persuadé que si je ne l'avais pas faite, je n'aurai pas eu l'occasion de prélever cette petite femelle de 18kg.Merci Saint-Hubert d'avoir été avec mon ce jour-là.
Tir réalisé avec mon compound MISSION Ballistic, 30 pouces, 63 livres. Flèches Carbon Express Piledrive Hunter 350, avec lame Slick Trick 125 grains.
Flèche de la pointe du cœur, très hémorragique.
Emmanuel L.
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