Depuis le 1er juin 2021, où j'ai pu sortir 25 fois à l'approche et à l'affût au lot ONF de Saint-Maurice à Lamotte-Beuvron, la chance est enfin arrivée ce mardi 06 juillet 2021 en fin de journée.
Bien que j'ai eu l'occasion de croiser et déranger plusieurs compagnies tôt le matin, mais sans succès, bien souvent, c'était le vent qui me trahissait, et qui ne m'a pas permis d'approcher les animaux tant convoités, alors qu'ils m'avaient repéré et donné l'alerte avant de prendre ma fuite.
Ce soir-là, j'avais hésité entre plusieurs postes, soit y aller à l'approche, soit me poser dans un arbre en treesaddle.
Comme cela faisait quelques jours, que je n'étais pas allé dans cette forêt, et que je n'avais pas pu observer les traces de présence, j'ai décidé d'aller dans un haut bois, où j'avais repéré une souche où venaient se frotter régulièrement les animaux.
J'ai donc vérifié le vent avant de choisir mon arbre, car l'avantage du treesaddle étant de pouvoir changer de secteur, voire d'arbre. J'ai donc choisi celui qui était à bon vent et qui se trouvait à 15m de cette fameuse souche.
Je m'installe à 20h30, et j'observe ma vue panoramique. Au loin j'aperçois et entend un chevreuil, mais il ne viendra jamais dans ma direction.
Le temps passe et la nuit tombe, il est 21h40, quand soudain, j'entends un bruit de pas qui vient dans ma direction, et je vois un sanglier de taille moyenne qui vient par là.
Bizarrement, il fait un grand écart plutôt que d'aller directement sur la souche et me vient de face. Face à moi, il reste bien 5min sans bouger, en humant l'air, tout en levant la tête vers ma direction, alors que je suis perché à 5m de haut, je ne sais pas s'il me voit ou me sent, mais il ne semble pas serein.
Avant même qu'il n'arrive vers moi, j'ai pris le soin de saisir mon arc, mais je n'ai pas eu le temps de l'armer.
Je profite qu'il me tourne le dos, en enfonçant son groin dans la terre, pour armer mon arc... À ce moment-là le temps me paraît interminable, car il reste dans cette posture assez longtemps pour que je commence à tétaniser des bras.
Il finit par me présenter son profil 3/4 avant gauche, je place le pin au défaut de l'épaule, mais au moment où je décoche, il avance un peu. Je vois mon encoche lumineuse qui traverse son armure un peu haute et plutôt derrière dans le coffre, avec un bruit genre "clac", peut-être le bruit d'une côte qui casse.
Il ne crie pas, et n'accuse pas le coup, puis repart tranquillement en suivant une coulée, laissant ma flèche plantée dans le sol... Sur le coup, un gros doute m'envahit, je n'ai quand même pas pu le louper si près à 15m...
Je l'entends s'éloigner puis à 50-60m, j'entends quelques craquements de branches et comme un bruit de chute au sol et quelques feuilles qui remuent...
Je suis envahi d'une émotion, telle que perché à 5m, mes jambes jouent de la castagnette... Le temps de revenir au calme, je patiente quelques instants et je prends mon temps pour descendre de mon arbre, tout en démontant mes marches les unes après les autres, puis en reconditionnant mon matériel.
Je vais à l'anschuss marqué par ma flèche plantée là. Aucune trace de sang, aucun poil, aucun indice. Je saisis ma flèche qui est poisseuse et qui sent les intestins de la pointe jusqu'aux vannes, mais toujours pas de sang... Là je doute et pense l'avoir blessé, et si c'est une flèche de panse, il va nécessairement partir assez loin. Malgré tout je suis sa trajectoire avec ma lampe dans l'espoir de trouver des indices, mais rien du tout..
Je laisse tomber après avoir traversé un chemin pour suivre la coulée, me disant qu'il est parti dans un bois qu'on surnomme régénération.
J'appelle Gaëtan le responsable de la chasse et lui relate mon tir. Je conviens avec lui de faire venir un chien de sang le lendemain. Malheureusement personne n'est disponible et adresse des SMS à ceux qui ne répondent pas.
Je rentre chez moi, déçu de ne pas avoir retrouver cet animal, dans l'espoir de le retrouver demain.
J'arrive chez moi, prends ma douche, et me couche, après avoir mis le réveil à 4h30, pour y retourner, faire une approche matinale et reprendre mes recherches, en attendant d'avoir un contact et une disponibilité avec un conducteur de chien de sang.
J'arrive sur place à 5h00, je me prépare et pars à l'approche. Au bout de 40min, je perçois quelques cris de l'autre côté de la berge du Beuvron et observe pendant bien 20 min, deux laies et leurs marcassins, j'en profite pour les filmer, ça me redonne le sourire et de la joie.
Après leur départ, je décide de retourner à l'anschuss et d'attaquer la coulée pour aller vers la régénération, entre-temps je reçois deux SMS d'autres conducteurs indisponibles.
Je poursuis mes recherches et suit mon instinct, car je reste persuadé que ma flèche était bonne, bien que haute et trop en arrière...
Puis au loin j'aperçois une forme marron couchée au pied d'un arbre à côté de la coulée... Je le retrouve là, c'est mon sanglier, qui se trouvait à 30m de l'emplacement où j'avais mis fin à la recherche.
Il n'est pas gonflé, froid et raide, sans trace de sang autour de lui, juste un peu au niveau du cuissot droit à la sortie de la flèche quand je le retourne.
Je suis si fier de l'avoir retrouvé, comme quoi il ne faut jamais baisser les bras, avoir confiance en son tir et toujours persévérer dans la recherche, en allant jusqu'au bout de l'acte de chasse.
Tir réalisé avec mon compound MISSION Ballistic, 30 pouces, 70 livres. Flèche Gold Tip Hunter 300, lame Slick Trick 125 grains.
Lésions: pointe du poumon droit et diaphragme percés, avec hémorragie n'ayant donné aucun indice au sol.
Emmanuel L.
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