Début décembre me voilà à la chasse dans un biotope bien différent de notre Sologne.
Nouvel adhérent de l’ACA de Saint-Planchers, dans la Manche, Yves, le président de cette jeune association, m’attend de pied ferme pour me faire découvrir sa région
Samedi. Nous voici en route pour une chasse mixte à Courcy, au dessus de Granville. Nous sommes trois archers invités sur une communale. Nous partons de nuit par des trombes d’eau peu encourageantes. Finalement pluie du matin n’arrête pas le pèlerin (nous ne sommes pas loin du mont Saint-Michel) et les éclaircies vont arriver. Le paysage est complètement différent de chez nous, très vallonné, des champs ou prés entourés de haies, les tireurs sur les hauteurs, tous au plomb n°2, les archers dans les chemins creux ou au bord des ruisseaux qui ressemblent parfois à de petits torrents, tant le sol regorge d’eau à cette époque de l’année. Les sangliers sont ici fort rare mais les chevreuils très abondants. Consignes strictes et parfaites comme nous aimons les entendre. La journée pleine d’émotions ne profitera pas aux archers. Je tente un tir d’achèvement sur un brocard blessé par un posté mais trop précipité. 3 chevreuils prélevés. Un super accueil et une énorme choucroute à digérer. Nous repartons sous une tempête de grêle.
Dimanche. Aujourd’hui nous chassons sur les terres de l’association. Yves se démène comme un diable pour trouver des territoires pour ses adhérents. Il sollicite les agriculteurs non chasseurs afin de récupérer des parcelles où il propose de réguler les ragondins. Il passe beaucoup de temps au cadastre pour connaître les propriétaires et essaye de les rencontrer. L’ACA bénéficie cette année d’un bracelet de chevreuil sur une soixantaine d’hectares sur Hambye. Sans compter tous les territoires qui s’étalent jusqu’à Avranches pour le piégeage et le tir du ragondin. Ce matin nous sommes trois archers, Yves, Philippe et moi. Il faut fermer ce bracelet qui n’a pour l’instant jamais été fait à l’arc. Yves me laisse gentiment son affût : un très gros frêne tronçonné à deux mètres de haut où je m’installe royalement sur mon pliant, masqué par des rejets et du lierre. Même principe, une haie au bord d’un champ et en contre bas un ruisseau. Franck et Kenan rabattent avec chien et fusil pour tirer bécasse et pigeons. Les chevreuils levés longent les haies et passeront peut-être aux archers...
Une petite demi-heure suffira pour que les aboiements des chiens courants du voisin contribuent à lancer une chevrette qui vient dans ma direction et donc sur notre territoire. Elle ne me voit pas dans mon arbre, longe le pré puis descend le long du ruisseau. Je suis évidemment déjà armé, elle s’arrête à 15 m mais je choisis de ne pas décocher car une branche pourrait dévier le tir. Elle repart et je pense avoir raté ma chance mais elle s’arrête de nouveau à 20 m, écoutant la traque. Je la cueille proprement, haut du poumon gauche, plein cœur, sortie bas de l’épaule droite. Je sonne immédiatement, elle se couche à 30 m. Yves en a les larmes aux yeux de joie, c’est le premier chevreuil à l’arc sur ce territoire. Séance de dépouille et de partage chez l’agriculteur qui nous offre ses terres.
Merci à Yves pour tout son dévouement au service des autres et à Nathalie, secrétaire de l’association.
Jean-Louis D.
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