Mercredi dernier Jean-Marc m’invite à la chasse à Cosseneux. Le rendez-vous est fixé à 18h
Avec Marc nous sommes trois archers. Les postes sont déterminés par tirage au sort. Je tombe sur celui du « petit pont «. C’est un tree-stand installé par Marc(le Pro) au bord d’une allée de sous-bois.
A 19h30 je suis équipé et sanglé, l’attente peut commencer.
Vers 21h15, occupé à observer un couple de bruant jaune qui picorent au milieu de l’allée, je ne vois pas arriver cette chevrette sur ma droite à 10 m .Je dois trouver le moyen de me relever car elle scrute le bois derrière mon arbre et je pense à son faon ou à un éventuel prétendant. Elle s’approche encore et à 6m, sous des arbrisseaux elle relève la tête et marque un moment d’arrêt en apercevant une forme cagoulée. Elle retraverse alors l’allée et se cache à 10 m sur ma droite. Amusé, je l’observe pendant 10 minutes puis elle reprend confiance et revient. C’est alors que mon regard est attiré sur ma gauche : un jeune brocard d’un an se tient campé à 3 m de moi, fasciné par l’objet de sa convoitise et des bonnes effluves qui en émanent. Impossible de bouger et je me contente de cette magnifique observation. Il grogne et tape du pied puis s’élance à la poursuite de la belle qui le sème, indifférente à ce jeunot qui s’y croyait déjà. J’en profite pour me mettre debout .Soudain le jeune mâle apparaît à 80m sur ma gauche et revient en empruntant le petit pont qui enjambe le ruisseau. Je décide de tenter ma chance : 30m ,25m, 15m, de travers droit à 6m je lâche ma flèche qui passe lamentablement 20 centimètres au dessus de lui !
Trop de stress ? erreur de parallaxe ? à méditer…et pour comble l’animal est à 4m de moi Mais il ne faut pas exagérer, il me voit alors que je préparais ma deuxième flèche et disparaît en aboyant...
Rien de grave puisqu’il n’y a pas de blessure, beaucoup d’émotions et …de remise en question.
Soudain, fort de ses considérations et appuyé sur le tronc, la même scène se reproduit : un deuxième brocard se présente sur l’allée et fait le même trajet. Cette fois-ci je suis un prédateur, mon cerveau est vide, je ne pense pas, le pou du poil du défaut de l’épaule, la flèche vole sans que je me souvienne l’avoir lâchée. Impact, je suis dedans c’est sûr. L’animal détale en aboyant de nombreuses fois, j’entends le bruit de branches cassées et mon instinct qui me dit que c’est bon.
Il est 21h40, je descends tranquillement de mon affût, retire mon harnais et me mets en quête de ma flèche .Je ne la retrouve pas et ne vois pas de sang. Le doute m’envahit alors quant à la qualité de mon tir et c’est la seule chose qui m’a obsédé.
Pardon et merci à Mr Colombier pour l’avoir dérangé à 22h afin de programmer une recherche au sang le lendemain.
Il est 22h30, la chasse est maintenant terminée et nous sommes tous les trois avec une torche sur ma brisée. Jean –Marc trouve le premier sang, d’abord discret puis quelques gouttes éparses et des projections plus importantes. Nous avançons minutieusement et soudain, découvrons l’empennage à 40m, cassé net à 20 centimètres mais rouge de sang. La piste est alors de plus en plus facile et mon chevreuil gît à 100m du tir. L’atteinte est parfaite, la flèche entrant sous l’humérus et ressortant au niveau de la gorge en tranchant l’aorte au passage.
Mille mercis à Jean-Marc et Marc pour cette envoûtante soirée de passion et d’amitié.
C’est mon premier brocard à l’arc. Je le dédie à mon « P’pa « que j’ai suivi à la chasse depuis que je porte des galoches, fine gâchette et connaisseur d’armes qui s’obstine à vouloir m’offrir un compound dont je ne veux pas …
Je ferai plus court la prochaine fois, c’est promis !
Mon arc est un ARAWACK de chez PHOEBUS, recurve de 60 livres, ma flèche est en alu 2117 et je tire une snufer de 175 grains.
Jean-Louis Delaplace
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