Le blog du C.A.B.S

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Chasse à l'Arc Beauce Sologne

Publié le par CABS
Publié dans : #Sanglier, #Chasse

Samedi 21 février, dernière chasse collective à Saint Maurice. Comme les archers Solognots ont été peu enclins à la clémence, il n’y a plus de chevreuils au plan de chasse… Heureusement les indices de sangliers ne manquent pas, un animal qui m’a échappé toute la saison, mais étrangement j’ai de bons présages pour aujourd’hui. Franck me laisse le choix de l’emplacement. Contre toute logique je choisis « couillon plage », une charmante bande de bois clair entre la sapinière et le Beuvron. C’est loin et pas efficace en battue, par contre il y a de nombreux indices. Les berges de la rivière sont marquées par les passages des animaux qui la traversent fréquemment et l’endroit est assez fréquenté pour l’affût. D’ailleurs les tree stands fleurissent. J’en ai déjà 3 en visuel sans chercher. Etrangement, j’ai amené mon échelle, mais il reste un arbre libre près d’une coulée en bordure de la sapinière et c’est parti…
1 h passe, la chasse est très calme, l’autoroute et le Beuvron s’occupent du fond sonore, tandis qu’une pluie fine et un peu froide me tient compagnie. Un mouvement à 20 m sur la gauche me sort de ma torpeur : c’est un sanglier que j’estime à une cinquantaine de kilos. Au lieu de venir directement devant mon poste alors que j’étais assis et en train de rêvasser, il fait un crochet de quelques mètres dans la sapinière pour en ressortir juste devant moi. Ces quelques secondes m’ont laissé le temps de me transformer en prédateur déterminé et prêt au tir. Il s’arrête avant de sortir à découvert, 10 m, presque de face, mais vu de dessus c’est faisable si j’oublie les ronces qui sont devant. Alors j’attends qu’il sorte, il est presque de profil, la flèche l’impacte. Le sanglier part au galop, franchit les 50 m qui le séparent du Beuvron, saute bruyamment dans le courant, traverse aisément la quinzaine de mètres à la nage, remonte sur la berge opposée et disparaît dans les buissons marécageux qui bordent la rivière. Si je n’étais pas sûr de mon tir, je serais tenté de croire qu’il est raté tellement il a l’air à son aise. Mais je sais qu’il est mortellement touché. L’examen de la flèche qui l’a traversé est sans appel : sang rose et bulleux. Vu l’angle de tir, j’estime l’atteinte poumon et foie et comme l’animal n’était pas poursuivi, il y a de bonnes chances qu’il soit remisé dans le premier roncier où l’on va le retrouver mort. Je préviens Franck qui décide d’aller le chercher après le repas. Jusque là tout me semblait simple et ressemblait à des situations analogues déjà vécues…. C’est après que ça devient original.
3 h se sont écoulées depuis le tir. Vient le moment d’aller récupérer le sanglier. Naïvement je demande à Franck où se trouve la plus proche passerelle enjambant le Beuvron gonflé d’eaux troubles en cette période de l’année. Pensant qu’il se paye ma tête, je l’entends m’expliquer qu’il faut traverser à gué… D’ailleurs il enfile des waders et me tend une paires de cuissardes. Dubitatif, je m’équipe, péniblement, d’autant plus que c’est du 42 et que je chausse du 45... A cela, il faut ajouter qu’elles sont un peu courtes ce qui me donne un faux air de drag queen sauvage. Fort heureusement nous sommes hors de vue de toute présence humaine. Franck me propose d’y aller seul, mais je refuse fermement. Tant pis pour le confort de mes pieds, hors de question de ne pas aller chercher l’animal que j’ai tiré.
Commence alors la recherche d’un passage à gué, Franck sonde plusieurs endroits, sachant que notre capacité de franchissement est limitée par la taille de mes cuissardes, tandis que Gini nous fait plusieurs démonstrations de traversée à la nage. Impossible de passer au plus prêt, nous sommes contraints de chercher un autre gué au milieu du centre hippique. Ca fait un sacré détour parsemé de fossés et de clôtures. Le niveau d’eau est juste, mais ça passe.
Commence alors une recherche approximative, comptant plus sur le flair de Gini que sur les indices. Il a plu et l’animal s’est immergé. Mais je connais sa direction de fuite. Nous faisons le tour des ronciers marécageux sans trouver le moindre indice. Dépités, nous recontactons Jean Claude qui nous avait conseillé de commencer à rechercher l'animal. Il se met en route. Alors que nous retournons vers le bord du Beuvron, Gini semble intéressée par une odeur et rentre dans un roncier relativement clair. J’anticipe et fais le tour l’arc à la main au cas où. Par une trouée, j’aperçois la brave Labrador sentir quelque chose au sol. Il me semble voir un bout de sanglier, il est mort. Visiblement depuis un bon moment vue sa raideur et probablement dans la minute après le tir vu l’atteinte et remisé sous un amas de troncs qui le rendaient peu visible. Il aura parcouru à peine 50 mètres après la traversée, une distance totale d’environ 100 m de fuite. Rien à voir avec le trajet chaotique que nous venons d’effectuer. J’appelle joyeusement Franck qui n’en croit pas ses oreilles et nous décommandons l’inestimable Jean Claude qui évite une recherche au parcours original. Suivirent quelques congratulations, notamment à Gini qui l’avait bien mérité et une séance photo. Vint ensuite la route du retour…
Après avoir trainé péniblement l’animal au bout d’une corde improvisée (la laisse de Gini) à travers le Bayou local et presque peiné à retrouver le bord du Beuvron, c’est le moment de la traversée. Pas question de faire le même détour par le centre hippique, avec les fossés, les clôtures et l’animal à trainer. Franck décide de traverser en face de la voiture avec ses waders en tenant le sanglier en laisse qui, après un test de flottaison semble tenir correctement le courant. Puisque mes cuissardes sont trop courtes, il me lancera les waders une fois sur l’autre berge. Aussitôt dit, aussitôt fait, une manœuvre joyeusement accompagnée par Gini qui semble trouver la situation à son goût en s’ébattant autour de son maître au milieu du courant et en montant sur le sanglier histoire de l’aider... Il manque malheureusement les images de cette traversée pour pouvoir les partager, mais elles sont gravées dans ma mémoire.
Peu confiant dans les capacités de lanceur de waders de Franck, et n’écoutant pas ses recommandations, je reste dans l’eau légèrement en aval et mon recurve à la main. Bien m’en pris et bien heureux d’avoir fabriqué cet arc avec des branches capable d’attraper des waders au vol avant que le matériel ne termine dans la rivière.
Le temps de traverser à mon tour, de charger l’animal et de retrouver enfin mes bottes en 45…
C’était une belle journée, avec ou sans sanglier, merci à tous de l’avoir partagée et à Franck pour ce périple dans les contrées sauvages de Sologne.
Matériel utilisé : Recurve Sheytan de 55 lbs, flèche Timber Stick, lame German Jager et des cuissardes trop petites de 3 pointures…
P.S. J’ai mal aux pieds mais ce n’est pas grave.
Daniel LACROIX

Périple dans le Bayou Beuvronnais

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