Voilà quelques temps qu'un patron de chasse m'avait sollicité pour chasser à l'arc dans une parcelle forestière de 5Ha en périurbain, non chassée car il avait été décidé en concertation avec le maire qu'il n'y aurait aucun tir par carabine, eu égard à la proximité des habitations et des infrastructures environnantes. Sauf que les riverains se plaignant des dégâts occasionnés dans leurs jardins par les bêtes noires et rousses, il a fallu trouver une solution, et c'est là que la chasse à l'arc prend tout son rôle...
Plutôt sceptique de trouver des animaux, au vu des conditions hors du commun en ville, à Salbris, dans un milieu très bruyant, avec le passage répété de trains à proximité, à une bonne cinquantaine de mètres, des routes un peu partout, et la présence humaine quasi permanente, j'ai hésité...
Le plus particulier étant la présence d'un terrain de football en lisière du bois, régulièrement occupé par ses joueurs, lors de matchs ou entraînements, plusieurs fois par semaine, qui est forcément signe de cris et de bruits.
Bien évidemment en périurbain, il y a aussi les maisons dont les plus proches se trouvent à 10 m à l'orée du bois, et leurs occupants, qui sont à l'origine de bruits divers et domestiques.
Tous les bons ingrédients, qui, je pensais, pouvaient déranger les animaux.
Mais la présence de traces, bauges, vermillis, boutis, parmi les terrains vagues et abandonnés, une couverture végétale épaisse, avec des ronciers et des épines noires à proximité et surtout un ruisseau qui longe le bois, m'ont laissé grand espoir d'y faire de belles rencontres.
Dès ma première sortie, j'ai eu l'occasion de voir du chevreuil et une petite compagnie de sangliers au courant de cet été, et puis après plus rien, car les animaux viennent tard... Manquant de motivation, au vu du peu de rencontres, et vu de la sécheresse, je me suis réservé le temps d'y revenir cet automne.
Après quelques sorties, et des heures d'observation depuis deux semaines, lundi dernier, je décide de poser une échelle et d'y établir un affût fixe et permanent.
Ce soir, je décide d'y aller, je me rends compte qu'il y a entraînement de foot. Tant pis, j'y vais quand même, je veux essayer mon affût... Alors que je me trouvais à 200m des joueurs, et que la nuit tombe à 17h26, il y a du bruit, des cris sans cesse... Malgré ça, à 17h30, au loin j'observe une laie et ses petits à une bonne centaine de mètres qui rentrent dans la forêt, alors qu'elle venait du côté du terrain de foot... À 17h40, j'entends au loin du côté de la voie ferrée, des geais qui jasent et donnent l'alerte, et puis des pas sur les cailloux indiquant l'arrivée de sangliers... Les sangliers arrivent, longent la rivière et viennent dans mon dos, espérant les voir arriver du côté de ma fenêtre de tir... Puis, soudain ils arrivent du mauvais côté, sur ma droite, aux pieds de mon échelle, le vent étant bon, ils ne me sentent pas et sont sereins, restant devant moi, mais je ne peux pas tirer, étant assis... Ils finissent par avancer en allant devant moi, sauf que la clarté ne me permet d'en viser aucun. L'un d'eux, qui se trouvait encore aux pieds de mon affût, finit par aller sur ma gauche, me montrant aucun profil et restant là debout à 10 m... Comme j'avais déjà armé mon arc depuis un certain temps, je décide de lâcher ma flèche, plein cul au niveau du cuissot gauche. Il ne réagit pas, je vois l'encoche lumineuse au niveau de son arrière train, il marche doucement vers le reste de la bande comme si de rien n'était, mais vraiment aucune réaction. Au bout de 10m, je le vois vaciller devant moi puis tomber. En moins d'une minute, il pousse son dernier râle manifestant sa mort. A ma montre, il est 17h50, j'attends encore 5 minutes, pour laisser les autres sangliers s'éloigner... Revenu au calme après mes émotions, je descends pour aller voir ma prise...
Un petit mâle de 45kg.
Merci Saint Hubert d'avoir été avec moi ce soir.
Emmanuel L.
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