Dimanche 25 janvier , chasse au chevreuil en poussée silencieuse au cœur de la Sologne. Le temps est beau et froid, pour ce matin. Il faut en profiter, l'après-midi ne s'annonce pas terrible.
L'équipe de copains habituels tire au sort les n° de postes. Ce sera la 4 pour moi. Le haut d'un petit bois, coincé entre deux friches assez sales en cours de boisement naturel de frênes. Un couvert de 2/3m de haut.
Nous pouvons tirer 2 animaux, brocard ou chevrillard mâle identifié.
Je m'installe discrètement sur ma chaise, à l'intérieur du bois, en prenant soin de ne pas croiser la coulée, et vérifie mes possibilités de tir selon les angles.
Il est 9h30. Il y a 2 battues, mais mon poste est identique pour les 2. Pour le 1er rabat, je suis très au-devant.
Quelques pigeons me passent au-dessus. Tout est calme. Seuls les sifflements des sarcelles posées dans les roselières de l'étang proche rompent le silence. Les pousseurs sont encore loin, je ne les entends pas. J'ai bien envie de me poser en contemplatif sur ma chaise, mais je me force à rester debout et immobile, maintenant mon attention. Les occasions sont rares à l'arc, et s'il s'en présente une, je n'ai pas l'intention de la galvauder.
Il est maintenant 11h, un mouvement m'attire l'oeil sur ma gauche, à l'opposé du sens d'arrivée supposé du gibier, compte tenu du rabat. Un brocard!
Il rentre discrètement dans ma bande de bois, de la friche. Il est encore dans la coulée, mais un virage sur sa droite l'en sort. Aïe! C'est vraiment sale, que de la brindille...
Il est 15m sur ma gauche, je pivote, arme le compound et cherche l'ouverture.
Plein profil, il progresse au milieu des branches de fusains et troènes puis s'arrête, baisse la tête et ramasse quelques brins d'herbe.
La fenêtre de tir apparait. Assez petite, mais bien suffisante pour le vol d'une flèche: tout son poitrail est accessible.
Je place le pin, vérifie le BAS, recontrôle le pin, et décoche!
L'impact me semble bon! Le brocard fait volte-face et rejoint en quelques bonds plus ou moins bien maîtrisés la friche d'où il venait.
Je me calme, respire, me remémorant les détails de l'action, le sens de fuite, puis sonne la mort.
J'attends quelques minutes, puis vais contrôler ma flèche, plantée en terre exactement dans le sens du tir. Toute rouge. Une poignée de poils longs au sol. Quelques gouttes de sang, dont certaines avec quelques bulles. ça confirme le placement supposé.
Je laisse tout cela en place, quitte le lieu pour rejoindre les rabatteurs. Ayant tiré, je vais finir la traque comme rabatteur, et surtout, je leur indique le secteur de remise afin de le laisser tranquille le temps nécessaire.
Une heure après, fin de battue, Bertrand m'accompagne avec sa munsterlander Arrow pour commencer la recherche.
Nous ne trouvons que quelques gouttes de sang sur 3/4 m après l'impact, puis plus rien!
La molinie bien jaune ne porte aucune trace sanguinolente!
Bertrand engage Arrow sur la piste. Elle semble savoir où elle va, nous la laissons faire, pas de sang pour contrôler. Ah si! Là, une herbe rouge! La friche est très sale. Arrow bifurque sur sa gauche, et lève un chevreuil, à 30/40m de l'anschuss! Une chevrette!
Bertrand la ramène au dernier sang. Elle empaume la voie, de nouveau du sang...
... et là, la grosse voix de José: "Il est là, ton brocard!"
José est posté à une centaine de mètres de là. La chevrette levé dans sa direction par la recherche lui a attiré l'oeil sur une tache rouge: le brocard étendu. José s'est posté bien après moi, pour le 2ème rabat, alors que le chevreuil avait déjà passé l'arme à gauche, sans l'apercevoir.
Nous laissons faire la chienne, sans passer devant, et arrivons au brocard! Arrow pille le chevreuil.
Satisfaction de tous côtés!
Flèche de haut de poumons, les deux sont traversés.
Mais recherche pas du tout évidente sans chien de sang, voire impossible!!! Le brocard a eu le temps de parcourir plus d'une centaine de mètres sans gros indices, à travers un e friche très dense. L'hémorragie a eu lieu en interne, résultat du placement haut.
Cette action de chasse ne sera peut-être pas celle qui me laissera le plus d'émotion, par rapport à une approche, par exemple. Mais deux belles satisfactions:
celle de m'être fondu dans le territoire de ce brocard, et la relative maîtrise dans la réalisation, une flèche propre.
arc : Mission X3 60#28, fût XX78 2219 600gr, Lame Striker 125gr.
2ème épisode, présidentiel celui-ci...
Après un déjeuner tout simple, très léger et équilibré, à base de crudités et d'eau, comme vous pouvez l'imaginer, nous voici repartis pour une battue dans un autre secteur l'après-midi.
Ayant prélevé, je rabats. Mais cette fois-ci, nous allons avoir de la musique ! Une meute de 6 bassets fauve de Bretagne nous accompagne
Et leurs maitres Jean Luc BOULBEN et Jocelyn LESTURGEON
(ou plutôt va nous précéder !
Après les consignes (les mêmes que le matin), le choix des postes, nous allons attaquer directement dans les coins les plus sales, une coupe gagnée par les ronces.
Bertrand a affiné son poste par rapport à la fois précédente, et se trouve désormais dans la fourche d'un énorme chêne.
Les chiens, à peine découplés, mènent aussitôt. Nous aurions bien dérangé un ou deux chevreuils sur pied en train de déguster l'herbe tendre du chemin !
La menée est belle. Je coupe à travers les ronces, afin de lever d'éventuels brocards calés là dans l'espoir d'échapper aux chiens, et aussi le ou les sangliers dont nous avons vu les boutis. Je ne lève rien, si ce n'est une bécasse.
Au bout de quelques minutes, une sonnerie! 2 coups longs et taïauté! Oooh, c'est du côté de Bertrand, ça !
Nous rappelons les chiens, les rattachons, afin d'éviter de relever l'animal blessé. Nous irons chasser un autre secteur dans l'attente.
Bertrand nous explique.
L'animal chassé par les chiens est un brocard, il le voit arriver vers lui rapidement. Le brocard passe sous son chêne. Bertrand le siffle, ce qui l'arrête immédiatement! Il est plein 3/4 arrière, tourné vers le chêne, à 12/13m. Le Mathews est armé, le pin aux dernières côtes, compte tenu de l'angle. Il décoche !
Le brocard décampe après l'impact, fait une boucle et rentre dans du très sale.
Bertrand a une mauvaise impression, ayant vu une patte désarticulée tourner dans la fuite. Ce serait l'épaule opposée, ce serait normal avec l'angle. Mais il lui semble qu'il s'agit de celle du côté du tir...
Dans le doute, nous attendons l'arrivée de Jean-Claude Colombier et Jean-Christophe Ogé, conducteurs de chiens de sang, et Bessi, la Rouge de Jean-Claude.
La recherche débute plus d'une heure après le tir. Bessi remonte la voie, le sang est abondant pour contrôler, malgré la pluie. 150m plus loin, le brocard est relevé. Le temps de reprendre Bessi au collier pour la libérer, et la voilà en poursuite ! Le temps de rattraper le retard, Bessi coiffe le brocard qui sera dagué aussitôt par Bertrand, collé au chien.
La flèche est rentrée derrière l'épaule pour ressortir devant. Sans doute un saut de flèche à la décoche suite à la mise en alerte...
Bravo à Bertrand pour son sens de la chasse et du placement, à Jean-Claude, JC et Bessi pour la recherche !
Une journée faste !
arc : Mathews Switchback , fleche Rebel Hunter 2008 , lame Striker 125 grs
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