Samedi 24 janvier 2009, j’ai invité César pour une chasse familiale en Sologne.
Au menu, chevreuils et sangliers. Le nombre élevé de participants nous permet de fermer chacun des carrés.
Mieux, pour certains carrés l’idéal serait d’intégrer des archers afin de desserrer un peu les lignes…Benoit me demande si ça me gêne de prendre mon arc à certaines traques…Quelle question ! Bine qu’ayant trainé une douleur au coude (début de tendinite ?) à cause de cette ****** de souris intégrée sur mon PC portable, je suis partant.
Mon choix est fait César et moi prendrons nos armes à feu le matin et nos arcs l’AM.
Passons sur les détails de cette matinée très pluvieuse et retrouvons nous après le déjeuner pour la première battue de l’AM.
Nous attaquons le carré dit du « poirier ».
Dans ce carré, j’ai placé un TS qui m’a valu deux réussites en tir d’été : une sur sanglier et une sur chevreuil. Nous disposons en plus d’une plateforme idéalement située pour les animaux à la rebrousse.
César et moi descendons du camion et coupons au milieu du carré pour rejoindre nos postes tandis que le sheriff et ses adjoints postent les carabines autour du carré.
Je presse le pas et invite César à accélérer la cadence car, avec la pluie et le bruit, il y a de grandes chances que des animaux se défilent très vite…
Sur la route, je glisse à César que je pense qu’on trouvera des sangliers sur dans ce carré…
J’installe César sur sa plateforme située entre 3 grosses coulées :
2 perpendiculaires, plus sanglier que chevreuil
1 parallèle au ruisseau où les chevreuils ont l’habitude de remonter en se faisant oublier…
Mon TS est à une centaine de mètres de là, le long du ruisseau et offre des possibilités pour le sanglier et le chevreuil. Du moins pour le tir à l’affût.
Pour les animaux en battues, s’ils remontent jusque là c’est a priori qu’ils sont passés devant la plateforme où est César.
Nous voilà postés et fin prêts. A peine le coup de trompe donné, les rabatteurs annoncent des sangliers. J’entends tout mais rien ne vient, c’est parti en retour.
10 minutes plus tard des pas dans l’eau, la zone est complètement inondée. Entre les baliveaux, 15cm d’eau. Un animal vient vers moi. Au bruit des pas dans l’eau, je pense à un sanglier. Bingo c’est bien ça ! Sauf qu’il est moins gros que ses pas pourraient le laisser croire. Un petit sanglier de 15kg tout mouillé, tout juste sorti de son pyjama rayé.
Il file en parallèle des coulées et habituelles et passe à 22 ou 25m de mon TS, trop loin pour moi. Je sonne la vue du sanglier pour que César se tienne prêt. Je me dis que ça va être bon pour lui et tend l’oreille pour entendre sa décoche.
RIEN ! Le sanglier est passé trop loin pour lui aussi ! Des coups de feu claquent ça et là. On entend sonner la Mort aux 4 coins de la battue.
Je suis aux aguets en me disant que ce n’est pas possible qu’on n’ait pas encore vu de chevreuils se faufiler.
Tout à coup mon regard se tourne et est attiré par des mouvements dans le bois de l’autre coté de la plaine. A 100M de là, presque en face du poste de César à 80m de lui dans la battue, quelque chose bouge…
Un chien ?Un renard ? Non, c’est un chevreuil.
César ne peut pas le voir depuis son poste mais ne manquera pas de le voir sitôt qu’il se sera avancé vers lui.
Il se rapproche de la plaine. Là, je me dis que ça commence à sentir bon pour César ou moi s’il tourne à droite…
S’il prend à gauche, en revanche, c’est foutu.
Il s’arrête aux abords de la plaine avant de s’y engager un peu.
Les coulées qui y passent l’emmèneront soit tout droit jusqu’à César, soit jusqu’à moi s’il suit le même trajet que le broc que j’avais tué à cet endroit en tir d’été, soit elles l’emmèneront sur la ligne de retour.
L’animal, une chevrette, s’engage franchement dans la plaine. C’est mal parti pour César mais ça peut venir vers moi.
OUI, elle suit le même chemin que le broc, je me tourne et me prépare…
Elle s’arrête en plein milieu de la plaine. Elle tend l’oreille pour savoir où sont les chiens afin de se soustraire aux menées et à leur vue ou leur odorat.
Elle repart mais change de direction et repart vers le boi , direction la ligne de retour.
Et merde, foutu pour moi aussi…
LA voilà qui rentre dans le bois, elle continue tout droit et dépasse mon TS. Elle est passée à 45m environ à l’intérieur du bois.Tant pis…
Soudain, elle quitte sa coulée pour obliquer légèrement vers moi.
Je n’en perds pas une miette et me remet à y croire.
Allez Gad, reprends tes repères. Où sont les coulées ? Ha oui là, il y a la grosse à 12m, là une moins marquée mais fréquentée à 15m.
Je pivote sur mes pieds, au cas où…
La chevrette continue son chemin et se rapproche d’avantage.
Le puma monte, prêt à faire son oeuvre. La voilà qui s’avance d’un pas engagée vers la coulée qui m’arrange. J’arme.
Elle s’arrête, elle est à 30m. Je désarme lentement. Elle regarde partout et renifle la voie des chiens qui suivaient le petit sanglier. Un aboiement lointain la fait repartir mais d’un pas moins franc.
28m. 27m .26m .25m.24m elle continue à avancer. Elle passe la tête sous une touffe d’épines, c’est ma chance : je réarme.
23m, 22m, 21m, 20m, 19m, c’est bon mon Gad, c’est bon…Elle va te passer sur la droite à 15m, PAR-FAIT !!!
18m, 17m, 16m Elle s’arrête à nouveau !
Je me concentre et tiens mon armement mais je sais que si elle ne fait pas rapidement ce petit pas, je vais être obligé de désarmer et qu’elle va me capter.
Là on est au moment où c’est le premier qui bouge qui a perdu…
Soit le gibier vous offre l’occasion en or, soit il vous a ba***sé en beauté.
Je ne sais plus quand elle a fait ce pas, je me souviens juste que la flèche est arrivée sur le spot que je voulais atteindre.
Seul mon empennage dépasse de son omoplate. La voilà entravée par une flèche qui l’a traversé et s’est plantée dans l’arbre derrière. J’entends le sang et le bulles. L’eau rougit entre les baliveaux.
Je sonne la Mort.
D’après mon angle de tir, je sais que les poumons sont touchés qu’un omoplate est cassé et que le cœur ou les gros vaisseaux sont touchés. Elle se débat quelques secondes, parvient à se décrocher de l’arbre et chute dans entre les baliveaux inondés. Elle se relève, retombe. Se relève à nouveau, fait quelques pas, la flèche pend maintenant sur son flanc. Elle semble n’avoir pas compris ce qui s’était passé. Ses pattes ne la porte plus, elle retombe. Sa chute décroche la flèche et ma chevrette rend son dernier soupir.
Entre mon tir et sa mort, 15 à 20 secondes se sont passées. La chevrette a parcouru moins de 20m.
Je m’assieds sur mon TS et tente de reprendre mes esprits.
La chasse continue.
Les rabatteurs sont maintenant en train de revenir vers nous dans le carré situé dans notre dos.
10 minutes ont passé depuis mon tir et les traqueurs annonce un gros sanglier. C’est fois ci c’est sûr c’est pour César !!!!Je me réjouis pour lui en espérant que ça lui passe comme il faut.
Ca se rapproche, ça casse du bois ! Il ne doit pas être petit pour faire autour de bruit !!
Merde, ça dépasse le poste de César et c’est toujours pas sorti…
Vite, une flèche. J’encoche et me tourne ! Il vient droit sur moi !
Je le crois pas dans la même battue mixte je vais avoir une chevrette et un sanglier qui me seront passés à proximité.
Je suis super en confiance, le tir que je viens de réussir me conforte dans mes certitudes.
Là où le sanglier va sortir c’est l’endroit même où j’ai tué mon sanglier cet été.
S’il sort, l’Histoire va recommencer, il ne peut en être autrement.
Il arrive vite, très vite. Je ne le vois pas mais je l’entend….
Sa tête passe entre des bouchons d’épine. Ha oui, un bon 80kg, bien râblé.
Il continue sans ralentir. Il saute sur l’allée, je décoche à l’endroit exact où j’avais décoché cet été. Le résultat n’est pas le même : je passe 5 cm sous son cœur ! Arghhh, je suis vert !
Je m’en veux d’autant plus que je réalise que j’ai fait une connerie, une double connerie même.
1/Je le tire alors qu’il va vite, très vite. Trop vite. Il était à 5m mais quand même, bien trop vite.
J’étais trop en confiance à cause de mon tir de cet été à cet endroit là et à cause de mon tir sur chevrette
2/Si j’avais attendu qu’il saute le fossé, j’aurais pu le tirer bcp moins vite et avec un profil ¾ arrière autrement plus facile à atteindre.
On sonne la fin de traque, je vais chercher un bracelet auprès du Sheriff qui m’engueule parce que je suis descendu de mon TS juste avant les 3 coups mais surtout parce que j’ai raté le gros sanglier…
Je retourne sur le spot pour apposer le bracelet. César me rejoint et me félicite chaleureusement.
En fin de traque, bcp de curiosité autour de ce chevreuil sonné Mort sans détonation…
« C’est les chiens qui l’ont pris ? »
« Un rabatteur l’a piqué ? »
Notre Président, Benoit, sait en voyant ma troche que c’est moi qui ai sévi.
Il me félicite mais me dit aussi que j’aurais pu laisser mon TS à César…
Les gens regardent très intrigués l’entrée de la flèche et sa sortie.
Les photos sont assez explicites sur le travail de l’ACE 145 grains…
Analyse a posteriori : Tir à 18m soit 3 m de plus que mon estimation
Angle très léger 3/avant, presque plein profil. Omoplate fracturé, poumons perforés et cœur touché
Distance de fuite : une vingtaine de mètres.
Pour le sanglier : une grosse connerie. Archer trop en confiance et grisé par une réussite antérieure et un tir réussi quelques minutes auparavant.
Matériel : Semi recurve Puma 64@29, fleche Légacy 2219 , lameACE 145 grains.
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