Laissez passer l'orage...

Même s'il menace de pleuvoir, je dois y aller, c'est mon vingtième affût de la saison, les occasions de sortie sont comptées. J'ai mis toutes les chances de mon côté : repositionnement de la visette, tirs intensifs d'entraînement la veille, vêtements stockés dans les feuilles depuis une semaine, tout est prêt pour provoquer le rendez-vous avec le convoité.

La pluie d'orage est passée, l'humidité et la chaleur ambiante me font penser à ces atmosphères caribéennes où le moindre effort te fait perler.

Mon affût commencera donc par essuyer toutes mes optiques et en regardant aux jumelles, je vois un renard pointant son nez au loin, au bord des maïs. Mais je n'ai pas Vincent avec moi et tous mes efforts pour le faire venir resteront vains (cf. article précédent sur le renard)

Le vent ne sait pas comment se placer, un coup plein sud, un autre plein ouest, il finit par souffler du nord en poussant toutes mes effluves vers le bois. Ce n'est pas bon pour moi, à moins que le gibier ne sorte devant moi en plaine.

C'est ce que fera la chevrette, celle que je vois pratiquement à chaque sortie avec son petit. Elle sort du bois vers la plaine, là où je suis à bon vent, et ne cesse de regarder en arrière comme pour inviter son chevrillard à sortir. Mais ce n'est pas un faon qui sort, c'est mon convoité, celui que je prends au piège photographique depuis le début, celui qui lèche ma caméra, c'est ma tête bizarde !

Il emboîte le pas de la chevrette et passe dans la plaine, plein travers. Mon sang ne faire qu'un tour, l'armement se fait tout en douceur et le pin se place instinctivement sur la zone vitale. Le chevreuil s'arrête pour brouter me donnant ainsi le signal du tir.

"Swhack", c'est ce que je viens d'entendre.... le son est bon mais je pense être un peu en arrière. La flèche est plantée dans le sol immaculée. Le chevreuil part dans une course désorientée en rebroussant son chemin dans le bois, faisant craquer les branches sur son passage. Un bruit plus important de branches cassées m'indique que l'animal a semble-t-il été stoppé brutalement.

Laissant passer quelques minutes, je finis par aller examiner ma flèche : un peu de bulles mais pas tant que ça... le doute m'envahi, la nuit tombe, je suis la piste théorique de fuite mais ne retrouve rien, pas une goutte de sang.

J'avertis les responsable du territoire, et prends un rendez-vous avec un conducteur de chien de sang pour le lendemain. Je suis pourtant sûr de ce que j'ai entendu et ma flèche est normalement "bonne". Je n'ai pas vérifié le grand fossé qui longe le bois, serait-il tombé dedans en faisant tout ce vacarme ? Je persiste dans mes recherches et suis mon intuition...

Je le retrouve au fond du fossé, deux mètres plus bas, sous les branches, comme foudroyé par l'orage que j'ai laissé passé...

Merci à Jacky pour le coup de main pour le sortir de là et la découpe !

Merci à mon président Philippe B., pour la confiance qu’il m'accorde !

et surtout, merci à ceux qui savent !

Christophe Chapuron

Bowtech RPM 360 #70 / Carbon Express Maxima Hunter / Lames articulées Swhacker

Atteinte aux deux poumons, distance de fuite de 80 mètres environ