Après le prélèvement d'un renard lors d'une battue mixte, dans la matinée du samedi 22/01/2022, le soir même, je suis parti à l'affût avec mon fils cadet, âgé de 8 ans, qui avait insisté toute l'après-midi pour m'accompagner. Pour ce faire, je l'ai amené sur le territoire de P.O., un autre "cabsien", propriétaire d'un beau territoire de chasse à Brinon-sur-Sauldre.
Ce soir-là, les animaux étaient bien agités, on les entendait au loin, mais un seul sanglier a osé pointer timidement son nez à proximité de notre affût, vers 18h20. Il finira par sortir des fourrées pour aller vermiller dans la clairière face à nous. Immobile et me montrant son profil droit, j'estime la distance à 15m. Devant le calme et l'admiration de mon fils, qui n'avait encore jamais vu un sanglier d'aussi près, ni assisté à un quelconque tir, et voyant parfaitement la silhouette de cette bête que je prends pour un sanglier de 50kg, je m'empresse d'armer mon arc et d'aligner ma visette et mon viseur en plaçant mon pin au défaut de son épaule. Ni une, ni deux, j'appuie sur la queue de détente et la flèche vole droit sur ma cible où un ploc caractéristique retentit. La bête accuse le coup et pousse un grognement, la flèche n'ayant pénétré qu'à moitié, je me rends compte immédiatement que le sanglier est plus gros que prévu en le voyant furtivement éclairé par l'encoche lumineuse. Aussitôt, il démarre au trot et s'enfonce dans le bois, où grâce au halo lumineux nous parvenons à suivre sa trajectoire de fuite. On le perd à vue à 80m environ, et je l'entends partir loin, même très loin. J'envoie un SMS à P.O., pour l'avertir de mon tir, alors qu'il se trouve sur son treestand à proximité de la direction de fuite du sanglier. Il me répond quelques minutes plus tard, pour confirmer avoir suivi le sanglier lorsqu'il a entendu la bête, qui passait à sa portée, avec l'encoche lumineuse. Il m'annonce "il a traversé la plaine"... Là, je me dis qu'il est parti à plus de 200m.
Plusieurs minutes plus tard, je vais à l'anschuss, mais ne trouve aucun indice. Je finis par retrouver P.O. sur le chemin, il me dit "c'est un gros sanglier, ta flèche est un peu arrière dans la panse, il a traversé le ruisseau et le pré, je le perds de vue dans le bois d'en face".
On finit par retrouver du sang sur la coulée empruntée lors de la fuite. En remontant la piste, la traînée de sang est plutôt régulière, sombre et rectiligne, avec quelques traces sur des hautes herbes, des fougères et des branches à une hauteur de 40-50cm. On n'oublie pas de marquer les indices avec des mouchoirs. J'en profite pour montrer les indices à mon fils et lui expliquer mon analyse du tir et la fuite de l'animal, tout en restant confiant sur ma flèche et l'atteinte. Je pense avoir touché la rate et/ou le foie, vu la couleur du sang, en tout cas, ce n'est ni du sang de poumon, ni de cœur, j'en suis certain.
Pour autant, selon les indications de P.O., j'estime la distance de fuite à 250m, mais vu l'endroit où s'est remisé ce sanglier, dans un marécage, nous décidons de poursuivre les recherches le lendemain... La nuit est longue pour moi, je me refais le film des dizaines de fois dans ma tête, mais je reste confiant sur mon tir, ma flèche et ma lame...
Le lendemain, pour aller jusqu'au bout de l'acte de chasse, je fais appel à Guy S. et Oslo de l'UNUCR... Même si je ne voulais pas vraiment l'amener, au risque de retrouver une bête blessée, je décide de laisser mon fils m'accompagner pour lui apprendre que l'acte de chasse ne consiste pas seulement à tirer, mais aussi à rechercher le gibier coûte que coûte... Une fois le nez sur l'anschuss, il n'a pas fallu une demi-heure à Oslo pour retrouver ce beau sanglier, qui avait parcouru 260-280m, mortellement touché à l'estomac, à la rate, au diaphragme et au foie... Il pèsera finalement le double de ce que je pensais... Je suis vraiment heureux et fier d'avoir pu partager ces moments et cette expérience avec mon fils, si admiratif et passionné, qui demande déjà pour m'accompagner lors d'un prochain affût.
Emmanuel L.
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