Le Montpelliérain est reparti sur ses terres avec de beaux souvenirs, lui qui n’avait jamais vu de ragondins albinos. Un petit coup de fil à Gérard et nous voilà en route pour une descente en canoë dès le lendemain soir. Il n’est pas question de se faire voler la vedette par deux archers bien connus de l’association, tout ça parce qu’ils ont fait un « tableau » à leur première descente de la saison : avec un peu de recul, je crois que nous allons être des vedettes nous aussi (mais pas en matière de « tableau »).
La Loire est haute et nous décidons de rester rive gauche (il y a des ragondins et nous sommes sur notre bras d’arc donc tout va bien).
La descente est à peine entamée et Gérard arme déjà sur deux ragondins dormant au soleil sur leur nid. Malheureusement, les branches l’empêcheront d’avoir une fenêtre correcte…il y aura probablement d’autres opportunités. Nous descendons calmement à une petite dizaine de mètres de la rive, puis j’amorce mon contournement de cette grosse branche d’arbre en travers du lit du fleuve à une trentaine de mètres en aval. Tout se passe comme prévu jusqu‘au moment où je décide de changer de cap : après tout, nous avons largement la place de passer entre la rive et la branche, nous pourrons ainsi regagner plus rapidement le bord et repérer les éventuels ragondins qui s’y dissimulent. Il est déjà trop tard !!! Le canoë n’est pas suffisamment redresser, nous heurtons la branche et le courant nous plaque contre cette dernière. En à peine trois secondes (réellement !!!), je vois l’embarcation se remplir et Gérard se faire « absorber » par le courant.
Je m’accroche rapidement aux branchages et m’extirpe d’un coup de reins. Je suis bien en appui sur mes pieds sur une fourche de l’arbre, j’attrape Gérard par sa veste. Il a bu une bonne tasse, il est un peu abasourdi et lutte pour ne pas se faire entrainer par le courant. Je le tiens solidement et il reprend rapidement ses esprits, je sais que le pire a été évité. Il nous faudra encore quelques minutes pour que Gérard puisse me rejoindre. Nous allons alors nous jeter à l’eau en évitant soigneusement les branches immergées pour regagner la rive.
Le canoë a littéralement été aspiré sous l’obstacle et notre matériel a disparu (jumelles, carquois, flèches, papiers et …arcs) mais nous sommes saufs. Les nuits suivantes ont été un peu agitées et les images de mon camarade disparaissant dans la Loire m’ont fortement marquées.
J’espère que le récit de cette mésaventure pourra vous servir et je pense pouvoir vous donner des pistes afin d’éviter le pire :
Toujours contourner les obstacles par le lit du fleuve (ne jamais se laisser enfermer entre un obstacle et la rive)
Toujours porter vos gilets
Avoir un couteau à portée de main (pour couper un objet qui vous entrave)
Ne jamais changer d’avis au dernier moment (se faire « plaquer » contre un obstacle = assurance de se faire aspirer sous l’obstacle)
Attacher court votre matériel (attention aux cordages qui peuvent également vous entravez)
Ne prendre que le strict minimum (j’ai perdu mon portefeuille avec tous mes papiers et ma CB)
NE JAMAIS CROIRE QUE CA N’ARRIVE QU’AUX AUTRES
Depuis, nous avons retrouvé quelques effets mais l’essentiel est encore sous les eaux : nos deux arcs ont disparu, peut-être pas définitivement mais il faudra être persévérant et invoquer encore une fois St Hubert qui nous a déjà pris sous son aile de la plus belle des façons : nous avons encore de belles années devant nous pour arpenter les bois, les campagnes et les fleuves…un arc à la main !!!
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